Variétés
Sommaire
Introduction
La page Variétés de français en Afrique Subsaharienne a été écrite par Fatou SOW du Groupe 2. Elle traite de variétés du français présentes en Afrique Subsaharienne telles que le "français-tirailleur" et le FPI. Cette page a été créée le 04 Février 2022 et complète les informations de la page Le français en Afrique Subsaharienne.
Le "français pidginisé"
Le "français pidginisé" désigne des variétés de langue française issues de pays qui abritent plusieurs langues. Cette variété permet aux populations de différentes ethnies d'avoir un moyen de communiquer entre elles et ces individus, généralement, ont appris la langue dans la rue, et non en milieu scolaire. Le "français pidginisé" peut se définir comme "des parlers véhiculaires résultant de la fossilisation d’erreurs et de lacunes dues à une exposition trop faible à la langue-cible et à un apprentissage insuffisant de celle-ci, en dehors de tout repère normatif" [1]. Les structures de ces variétés sont simples et elles tendent à réduire les possibilités d'expression. Il est à noter qu'un pidgin se caractérise par le fait qu'il n'est pas une langue maternelle; sinon, on parle de créole.
"Le français-tirailleur"
Le "français-tirailleur" est une variété de français issue des soldats africains qui ont appris à utiliser le français dans le milieu militaire et qui, le plus souvent, n'avaient pas été scolarisés. Cette variété de français avait une morphologie simplifiée et un lexique qui puise dans les langues africaines, grâce aux calques et aux emprunts. Le "français-tirailleur" permettait la communication entre des locuteurs de différents pays africains mais aussi les échanges entre les soldats africains et les français.
Le "FPI" (français populaire ivoirien)
Le "FPI" est une variété de français parlée en Côte d'Ivoire. Il est marqué par une absence des désinences de genre, de nombre, de temps, de mode et la différence entre les verbes, les noms et les adjectifs est moins claire. C'est l'ordre des mots dans la phrase qui permet alors de marquer la fonction des mots. Voici quelques énoncés, en transcription phonétique, et leur « traduction » en français :
- [ɔ̃ kɔ̃tɑ̃ twa bjɛ̃] « nous t’aimons bien » (ici, content fonctionne comme un verbe)
- [nu va pǝle lɥi] « nous allons l’appeler, nous l’appellerons » (les pronoms personnels n’existent que sous leur forme tonique : nous, lui ; le futur ne se fait qu’avec l’auxiliaire va)
- [ty krwa i va mwajɛ̃ mwa] « tu crois qu’il va me vaincre ? » (moyen fonctionne comme un verbe, avec le sens de « pouvoir », « venir à bout de »)
- [vu samyze bjɛ̃] « vous vous amusez bien ? » (le verbe s’amuser s’est fossilisé avec le pronom réflexif, qui apparaît à toutes les personnes, sans valeur de pronom personnel)
- [fam la i parti kuri o vilaz pur sɔ̃ la mɔr sɔ̃ kɛkoẽ muri] « cette femme s’est précipitée au village en raison de la mort de l’un des siens » (l’élément démonstratif postposé -là sert d’actualisateur à la place de l’article défini ou d’un adjectif démonstratif, comme en créole ; le pronom sujet de 3e pers. du sing. est i au féminin comme au masculin ; le possessif son se combine à l’article la qui s’est greffé au substantif mort ; le verbe mourir ne fonctionne pas comme un verbe mais il semble plutôt s’agir d’un participe passé analogique *mouri se rapportant au pronom que’qu’un lui-même précédé du possessif son)