Le français en Afrique Subsaharienne

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Introduction

Cette page a été écrite par Fatou SOW du groupe 2. La page Le français en Afrique Subsaharienne décrit les différentes spécificités du français parlé en Afrique Subsaharienne et elle renvoie aussi à une autre page de Fatou SOW qui est Les variétés du français en Afrique Subsaharienne. Cette page a été créée le 04 Février 2022.

Géographie

Carte d'Afrique

L'Afrique Subsaharienne est un espace qui regroupe de nombreux pays dont la langue officielle ou co-officielle est le français. Cependant, le nombre de personnes qui parlent couramment le français est faible par rapport à la population totale. Les pays francophones de Afrique Subsaharienne étaient d'anciennes colonies belges et françaises. Les anciennes colonies belges sont :

  • Le Burundi qui compte environ 11 millions d'habitants avec environ 8% de francophones; le français est une langue co-officielle avec le kirundi.
  • La République démocratique du Congo qui compte environ 100 millions d'habitants avec 15% de francophones; le français est la seule langue officielle.
  • Le Rwanda, avec 12 millions d'habitants, a 8% de francophones; on remarque cependant que la France n'y est plus une langue officielle.

La France compte un grand nombre d'anciennes colonies où le français est une langue officielle ou co-officielle. Un exemple est la Côte-d'Ivoire dont le français est la langue officielle et 62% de ses habitants sont francophones (15,5 millions). Dans le cas du Cameroun, le français est une langue co-officielle avec l'anglais et 45% de la population est francophone (11,25 millions).

Historique

Au 16ème siècle, les Espagnols et les Portugais sont présents sur les côtes africaines pour le commerce et la traite des esclaves. Ensuite, les Français s'installent aussi au niveau des ports pour effectuer du commerce. La communication entre les Européens et les populations présentes se feraient alors grâce au "porto", sabir qui se mêle de portugais et de langues africaines. Au 19ème siècle, les missions religieuses s'installent en Afrique Noire pour répandre le Christianisme et les langues européennes. En fin de siècle, les conquêtes militaires permettront aux Européens de donner naissance à des ensembles tels que l'AOF, l'AEF et le Congo Belge. D'un point de vue linguistique, le colonialisme a permis d'établir la langue française dans l'administration, le commerce ou dans le domaine juridique.

Particularités linguistiques

Le "français pidginisé" est un phénomène très présent en Afrique Subsaharienne. Une page lui est ainsi dédiée (créée par Fatou SOW : Les variétés du français en Afrique Subsaharienne).

Phonologie et Phonétique

On constate une assez grande ressemblance des variétés acrolectales avec la norme française mais ceci peut être vu négativement par la population. Ainsi, les individus qui ont un accent "à la française" sont qualifiés de "chocobi", qui a une valeur péjorative. Plusieurs traits phonétiques sont présents avec le français en Afrique Subsaharienne. Voici quelques exemples :

  • le r apical roulé;
  • l’assibilation de [t] et [d] (> [ts], [dz]) devant voyelles antérieures fermées (attestée au Cameroun où elle est due à l’influence de certaines langues locales) ;
  • délabialisation des voyelles antérieures arrondies, c’est-à-dire que [y], [ø] et [oe] (voire [ǝ]), sons plutôt rares dans les langues africaines, passent respectivement à [i], [e] et [ɛ] (ces phénomènes sont répandus également dans les créoles à base lexicale française);
  • les chuintantes [ʃ] et [ʒ] passent respectivement aux sifflantes [s] et [z] ; cheveux devient donc [seve], et jardin, [zardɛ̃] ;
  • les voyelles nasales sont parfois confondues avec leur correspondante orale, ce qui fait qu’on entendra attendre à la place d’entendre, ou apporter à la place d’emporter, et vice-versa ;

Lexique

Archaïsmes

La colonisation française et la diffusion du français en Afrique étant des phénomènes relativement récents, les archaïsmes sont assez peu présentes. Cependant, il existe quelques cas de ce phénomène :

  • Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Tchad, Togo honnir v. tr. "couvrir de honte, déshonorer, vilipender".
  • Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Niger, Sénégal, Togo chambre n. f. "pièce d’habitation, quelle que soit son utilisation" (aussi attesté en Suisse et à l’Île Maurice).

Emprunts

Les emprunts proviennent de plusieurs langues et ne se limitent pas aux langues nationales. On a ainsi :

  • Les emprunts à des langues nationales
    • Guinée, Côte d’Ivoire, Burkina Faso karité n. m. "arbre dont les fruits servent à préparer le beurre de karité (produit cosmétique pour la peau)" (origine soninké)
    • Burundi kirundi n. m. "langue maternelle et nationale du Burundi" (a donné lieu aux dérivés de formation française kirundiphone, kirundisme, kirundiser et kirundisation)
    • Côte d’Ivoire kotéba n. m. "forme de théâtre traditionnel d’origine mandingue, sorte de comédie musicale dansée, mimée, chantée, parlée en dioula ou en français" (du mandenkan)
    • Burkina Faso khessal [xesal], [xεsal] n. m. "produit destiné à éclaircir la pigmentation de la peau, surtout utilisé par les femmes" (du wolof)
    • Centrafrique gozo n. m. "manioc" (du sango)
  • Les emprunts à l'anglais
    • Togo been-to n. m. "m’as-tu vu, vantard" (formation délocutive, de l’anglais I’ve been to…)
    • Côte d’Ivoire lover v. tr. "faire l’amour".
    • Centrafrique massa n. m. "tenancier d’un débit de boisson" (du pidgin-English du Nigéria ; probablement de l’anglais master)
    • Burkina Faso, Niger kaya-kaya n. m. "travailleur d’occasion, porteur" (de l’anglais to carry)
    • Bénin, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Mali, Niger, Sénégal, Tchad, Togo, RDC wax n. m. "(nom générique donné à différents pagnes de fabrication industrielle, souvent importés et décorés à l’aide d’un procédé faisant intervenir des impressions à la cire avant teinture, d’où leur nom)"
  • Les emprunts au portugais
    • Rwanda, Tchad, Rép. Dém. du Congo matabiche n. m. "pourboire ; pot de vin" (du portugais matar o bicho loc. verb. "boire de l’alcool" [littéralement, "tuer la bête"])
    • Centrafrique, Rwanda, Tchad, Rép. Dém. du Congo capita n. m. "chef de village, contremaître" (du portugais capitão n. m. "capitaine")
    • Guinée tapade n. f. "clôture délimitant les concessions" (du portugais tapada n. f., désignant un terrain délimité par une clôture, et non la clôture elle-même ; il y a donc eu transfert métonymique)
  • Les emprunts à l'arabe
    • Burkina Faso chadouf n. m. "système de puisage d’eau permettant l’irrigation"
    • Guinée médersa n. f. "école où l’on apprend l’arabe"
    • Côte d’Ivoire hadj n. m. "pèlerinage à La Mecque"

Références

Cours d'André Thibault